. Locales - Soissons
Les commerçants pas prêts à brader leurs dimanches
Pour le premier dimanche des soldes d'été, les
commerçants soissonnais avaient eu l'autorisation d'ouvrir leurs portes.
Rares sont ceux qui en ont profité. Pour beaucoup le dimanche « c'est
sacré ».
Céline Debuire : « Le travail certes,
mais il y a aussi la vie de famille».; «Les ouvertures dominicales
apportent surtout des promeneurs, mais peu d'acheteurs», témoignent
les gérants d'Intersport
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ACCROC aux dernières tendances de la mode,
Jessica, 18 ans, passe son temps libre dans les rayons des magasins de
prêt-à-porter, « surtout en période de soldes ».
Un de ses souhaits - qu'elle partage avec bon nombre de consommateurs
- « pouvoir profiter du dimanche pour faire du shopping ».
Un avis que ne partage pas une majorité de commerçants soissonnais,
qui ne voient pas d'un bon oil le projet du ministre délégué aux
libertés locales, Patrick Devedjian, destiné « à faire passer
de 5 à 8 le nombre de dérogations au repos dominical ». Dimanche
dernier, ils avaient eu l'autorisation d'ouvrir leurs portes,
mais rares sont ceux qui en ont profité.
Qualité de vie Pour M. et Mme Billot, gérants du
magasin Intersport, l'expérience parle d'elle-même. Après plusieurs
tentatives les jours fériés et les dimanches, l'expérience n'a pas ou peu
été concluante « excepté les dimanches avant et après Noël »,
nuancent-ils. « Si les ventes étaient aussi bonnes que le samedi ça
vaudrait le coup, mais le dimanche on a plus souvent à faire à des
promeneurs, qu'à de véritables acheteurs », confient ces commerçants, «
certes ça crée une animation en centre ville, mais si ce n'est pas
rentable, ça n'a aucun intérêt pour nous ». « Si nous étions au
Touquet ou dans une station balnéaire très fréquentée le week-end, je ne
tiendrais peut-être pas le même discours, mais à Soissons. », ajoute
le gérant. Cinq ça va, huit. La qualité de vie est un autre argument
qu'avancent souvent les commerçants : « pour la plupart, on
travaille déjà du lundi midi jusqu'au samedi soir. Si en plus, on est
amené à travailler le dimanche, ça signifie faire une croix sur la vie de
famille », maintient Céline Debuire, du magasin de lingerie
Silhouette. Un écho qui se fait largement entendre aussi dans les rangs
des employés : « même si ces journées sont payées
double ».
Rémi Turgis, président des Vitrines du Soissonnais (qui regroupe
130 commerçants du centre ville) n'est pas contre l'idée des ouvertures
dominicales, « à condition que ça reste dans des limites
raisonnables », insiste-t-il. Chaque année les commerçants
ouvrent en moyenne cinq dimanches : « le dimanche après
et avant Noël, le premier dimanche des soldes d'hiver (janvier)
et d'été (juin) et un autre lié à une opération commerciale ».
Cinq dimanches ça va (et
encore !), huit, bonjour les dégâts, notamment pour les petits
commerçants qui n'auraient pas forcément les moyens de faire face à ces
changements : « Ouvrir le dimanche, ça a un coût. Il faut avoir
les reins solides pour pouvoir payer double les employés et assumer les
charges sociales très lourdes ». Certains commerçants et fédérations
professionnelles craignent que le « crime » profite « aux
grandes enseignes et centres commerciaux ». En plus d'une campagne
de communication, l'autre condition importante, pour assurer le succès de
ces ouvertures exceptionnelles dominicales, « tous les commerçants
doivent jouer le jeu», prévient Rémi Turgis, « pas question que les
clients se cassent le nez une vitrine sur deux. Un client déçu ne revient
pas et va souvent voir ailleurs. La concurrence des centres commerciaux de
Paris-Nord est déjà assez importante comme ça ». Alexandre Allard
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