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Mantoue : les historiens décidés à percer les mystères

Les historiens, soutenus par les milliers de signatures (plus de 4800 pour une ville de 25 000 habitants ndlr) que leur pétition a recueilli, ne sont pas prêts à « lâcher le morceau » dans l'affaire de la place Mantoue. D'autant que selon eux, tout n'est pas limpide.


Denis Rolland : « Nous attendons une réponse à notre demande de copie de l'autorisation administrative. »; Le projet d'aménagement de la place Mantoue n'a pas fini de faire couler de l'encre

 

 

«J'AI le sentiment qu'on est trimballés dans cette affaire » lance Denis Rolland, le président de la société historique. Et il explique le pourquoi de cette affirmation.
Résumé des actions récentes des historiens hostiles au projet de la place Mantoue.
Contestable ou pas ?
L'un des mystères dans l'affaire Mantoue - aux yeux de Denis Rolland - est la qualité juridique de la position de l'architecte des Bâtiments de France au projet d'aménagement.
« Dans un premier temps, on m'a dit - oralement - que son avis ne pouvait être contesté. » Précisément parce que ce n'était là qu'un « avis non conforme ».
Pour en avoir le cœur net, le président de la société historique adressait alors un courrier au directeur de la DRAC* à Amiens. Il lui rappelait qu'en vertu de plusieurs articles du code du patrimoine, « les projets de travaux situés dans le champ de visibilité d'un édifice classé ou inscrit sont soumis à autorisation préalable de l'autorité administrative compétente délivrée sur avis de l'architecte des Bâtiments de France. »
« Or, » argumente Denis Rolland, « la ville de Soissons se retranche derrière l'accord de l'architecte pour rejeter notre contestation du projet. »
Avis consultatif
Au début du mois de décembre, le directeur de la DRAC répondait en précisant les choses.
A propos des travaux envisagés place Mantoue, les historiens y apprenaient que « la demande d'autorisation est adressée au préfet du département qui statue après avoir recueilli l'avis de l'architecte des bâtiments de France ». Un avis qui n'est que « consultatif » et qui ne sert « qu'à instruire le dossier d'autorisation délivré par le préfet du département. »
Très logiquement donc, le président de la société historique a donc demandé une copie de cette autorisation.
Entretemps, Denis Rolland affirme avoir appris d'un représentant de l'État que c'est l'architecte des bâtiments de France qui aurait donné l'autorisation au nom du préfet. « Mais comment contester une autorisation qui n'est pas rendue publique ? » s'interroge-t-il.
Juge et partie
On comprend mieux alors l'impression des opposants au projet Mantoue d'être « trimballés » dans cette affaire.
D'autant plus que l'architecte en cause - qui était « partie » dans ce dossier - a été promu depuis. Aujourd'hui, il est conservateur régional des monuments historiques et se trouve être devenu « juge » dans ce dossier où il a rendu un avis favorable aux travaux d'aménagement.
« Quelle objectivité peut-il avoir en la matière ? » s'interrogent les historiens. Bien décidé à faire bouger les choses, Denis Rolland a une nouvelle fois repris sa plume. Pour écrire cette fois au ministère de la Culture et, plus précisément, au directeur de l'Architecture - Michel Clement - et solliciter son intervention dans ce projet « qui va détruire un espace ancien dans une ville d'art et d'histoire ».
Pour solliciter aussi « une attention particulière » afin « que la municipalité actuelle ne réussisse pas à détruire ce que la Grande Guerre a épargné ».
R.M.
DRAC : direction régionale des affaires culturelles.

du 29 decembre 2005

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