. Locales - Soissons

Mantoue : les historiens montent au créneau
Après les critiques de l'opposition municipale
puis celle des riverains, les membres de la société archéologique
et historique de Soissons à leur tour expriment leurs inquiétudes
quant à l'aménagement projeté de la place Mantoue.

La configuration actuelle de la place
Mantoue est assez proche de celle qui existait sous
le Second Empire, en 1820, comme en témoigne ce dessin.
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LES initiateurs du projet de réaménagement de la place Mantoue
et de la place Binet, s'attendaient sans doute à recevoir les
critiques de leur opposition municipale.
Mais la réaction des riverains (cf. l'union du 7 janvier)
et les inquiétudes qu'exprime ici Denis Rolland - président
de la Société archéologique et historique de Soissons - étaient
assurément moins prévisibles. C'est dire combien ce projet parvient
- sans concertation entre les différents intervenants - à créer
un mécontentement grandissant.
Un projet sans âme
« La société historique estime être pleinement dans son
rôle en donnant publiquement son avis sur le projet sur le plan
des sources historiques et patrimoniales qui lui semblent devoir
être prises en compte pour un tel aménagement » affirme
d'entrée de jeu Denis Rolland. Aux yeux des
historiens (qui ont récemment débattu du projet) « la
place n'est pas une priorité. son aménagement manque
de définition ». La règle du jeu que représente le « concours
d'idées » adopté par la municipalité ne les satisfait pas.
« Cà revient à dire : on ne sait pas quoi faire donc
on va demander aux autres ! Le résultat est que le lauréat
nous propose un projet, certes esthétique, mais sans âme et
ne prenant pas en considération le patrimoine existant puisque
la règle du jeu lui laisse la possibilité de tout faire »
déclare Denis Rolland. De fait, les historiens soissonnais mettent
en avant une étude établie en 1988 par le service archéologique
de la ville qui décrit avec précision le potentiel historique
et archéologique du quartier. « On ne manque pas dans ce
document d'éléments identitaires qui auraient pu orienter la
réflexion du bureau d'études » ajoute Denis Rolland pour
qui (voir la photo) « la place Mantoue, dans sa configuration
actuelle, est assez proche de celle qui existait sous le Premier
empire, laquelle n'était pas sans rappeler cette partie du jardin
épiscopal ».
Sophistications coûteuses
Si la création d'un parvis interdit aux voitures est saluée
par les historiens, il leur apparaît cependant qu'un aménagement
contournant la cathédrale au sud « aurait dû être une priorité. »
« Rappelons qu'un projet de l'architecte Plantinet prévoyait
déjà cet aménagement en 1980 ! » affirme encore Denis
Rolland qui évoque alors (voir ci-contre) le déplacement de
la fontaine et la création d'un jardin médiéval. La position
finale des historiens est claire : « Si on ne peut
nier la valeur esthétique du projet, nous lui reprochons son
amnésie de l'histoire de la ville et du patrimoine existant
au profit d'une identité partiellement basée sur des sophistications
coûteuses. Nous nous étonnons que l'architecte des Bâtiments
de France lui ait donné son aval alors que, dans une récente
discussion, il nous faisait remarquer qu'un aménagement urbain
doit « exprimer quelque chose » et concourir à la
compréhension du monument qu'il se propose de valoriser. »
Et Denis Rolland de conclure : « Une réorientation
du projet nous semble souhaitable avec pour fil directeur le
maintien de la fontaine et de « l'esprit » de la place.
Le projet s'inscrira alors dans une notion d'actualité :
le développement durable, ce qui n'est pas le cas actuellement. »
Richard Malécha

du 24 janvier 2005
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